"Un chat ça s'débrouille" disent-ils, et bien voici comment :

Ça s'débrouille pour passer du statut de "mignon petit chaton donné contre bons soins", au statut d'escape-gamer de la rue.

Ça s'débrouille pour résister affamé durant des semaines, à des intempéries tels qu'on en a connus.

Ça s'débrouille pour se résigner à ce que pas une porte ne s'ouvre.

Ça s'débrouille pour héberger une colonie de parasites.

Ça s'débrouille pour tomber sur une auberge Grifélins.

Ça s'débrouille pour tenter d'épancher sa soif à la fontaine d'un lavoir, et de faiblesse, déraper...

Ça s'débrouille pour échapper de peu à la noyade grâce au secours de deux mains providentielles.

Ça s'débrouille pour, tout sale qu'on est, être abrité, séché, réchauffé, nourri.

Ça s'débrouille pour bénéficier d'un dernier service de restauration à la cuiller toutes les trois heures.

Ça s'débrouille pour faire l'effort de se diriger en chancelant jusqu'à la litière.

Ça s'débrouille pour ne pas s'en relever.

Ça s'débrouille pour s'abandonner en confiance à la perfusion et à la lampe chauffante de la clinique vétérinaire.

Ça s'débrouille pour renoncer et s'étendre.

Ça s'débrouille pour poser sa tête au creux de ma main, et écouter les mots qui bercent l'endormissement salvateur.

Ça s'débrouille pour sombrer à jamais.

Ça s'débrouille pour que tous ses camarades de misère  participent à ses soins. Merci à toutes leurs marraines grifélines qui se reconnaîtront et pleureront avec moi, je le sais, celui qui s'appela deux jours durant Miaroux. 

MartineGrifélins